L’estuaire de Salcombe-Kingsbridge est situé dans le sud de l’Angleterre, dans le Devon. A l’origine de cette ria : une vallée glaciaire, progressivement inondée par plusieurs petites rivières qui continuent de l'alimenter. L'estuaire se déverse ensuite dans la Manche. Plusieurs polluants y affectent la qualité de l’eau. Transportés par les rivières jusqu’à l’estuaire, celui-ci connaît des proliférations d’algues qui impactent les activités et économies locales.
Le bassin-versant est typique de la région, étroit et étendu, car n’ayant pas de rivière principale d’alimentation mais de multiples petites rivières. Quatre grands types d’activités sont impactées et impactent la qualité de l’eau : la plaisance, le tourisme, l’agriculture et l’assainissement.
Le tourisme est très développé dans le bassin-versant et la plaisance dans l’estuaire, mais également l’agriculture dont la pratique est prédominante et couvre 88% du territoire. Les entreprises locales varient en taille, de la plus petite à des entreprises de 40 à 50 individus.
De nombreux textes légaux cadrent les activités des différents acteurs du bassin-versant, sur l’usage de l’eau, de la terre et la biodiversité. Ils résultent en plusieurs dispositifs qui réglementent spécifiquement les activités sur le secteur de l’Estuaire et notamment des restrictions sur celles des agriculteurs : entre autres, une Zone de Vulnérabilité aux Nitrates, des Eaux de Baignade, un Site d’Intérêt Scientifique Particulier et les Eaux à coquillages « Salcombe ».
Le phosphate et l'azote, de diverses origines, sont amenés dans le récepteur, l’estuaire de Salcombe-Kingsbridge, qui connait ainsi des proliférations d’algues. Quand elles se prennent dans les hélices, elles perturbent la plaisance, ainsi que le tourisme en diminuant la qualité esthétique et l’attractivité des paysages. Elles mènent également à des efflorescences de cyanobactéries, éventuellement toxiques pour les différentes activités. Les conchyliculteurs doivent également purger leurs coquillages.
Les multiples rivières alimentant l’estuaire sont autant de moyens de déplacement des multiples polluants en provenance de différentes zones. L’agriculture est un contributeur important à la pollution de l’eau, mais aussi un secteur très impacté par la qualité de l’eau ; les évacuations privées et les fosses septiques jouent également un rôle dans la pollution.
Les coûts liés à la pollution de l’eau sont supportés par toutes les économies impactées : baisse de la fréquentation touristique, augmentation des coûts de maintenance des bateaux, renforcement des normes sur les compagnies d’eau et augmentation de leurs coûts de traitements, augmentation des coûts pour les agriculteurs par la perte des nutriments appliqués sur les sols. Un des enjeux du projet CPES est de comprendre la bascule coûts-bénéfices entre la situation actuelle et l’amélioration apportée par des changements de pratiques.
Pour comprendre les facteurs de risques spécifiques au bassin-versant, on étudie en premier lieu les données disponibles sur la géologie et les sols, la densité de la population, la couverture du territoire. Pour affiner les modalités de déperdition des nutriments, les modèles PSYCHIC et NEAP-N permettent de modéliser les charges, respectivement, de phosphate et de nitrate dans le bassin-versant. Les données de l’Agence de l’Environnement analysées par points individuels permettent d’identifier les lieux les plus contributeurs en polluants, pour mieux repérer les causes et cibler les actions. C’est par cette compréhension poussée du milieu et du fonctionnement de l’écosystème que la construction d’un paiement pour services environnemental peut être la plus juste et la plus rentable.